jeudi 13 décembre 2012

Sol

On a pris l'habitude de vociférer que c'est de toits que l'on manque.
Alors que c'est de sol.

Dimanche 9 décembre, Manuel Valls s'aventure : "Les populations roms ont vocation à revenir et rester en Roumanie".
Lundi 10 décembre, l'Union Européenne se voit décernée le Prix Nobel de la Paix.
Entre ces deux date, il y a un monde, une béance.

Les populations roumaines ont vocation à rester en Europe. A l'instar des populations allemandes, néerlandaises, italiennes, ou grecques. A l'instar des populations portugaises, comme par exemple des 100 000 portugais qui en 2012 sont entrés sur le territoire français, qui n'est autre que leur territoire européen. Il se pourrait qu'il ne s'agisse pas de 100 000 banquiers, traders, Depardieu ou Cahuzac. Il se pourrait qu'il s'agisse de personnes brisées par la crise extraordinaire que connaît leur pays.
Qui s'est aventuré, devant cette "vague" portugaise témoignant d'un "appel d'air" dangereux, à vociférer que la France ne peut accueillir toute la misère du monde ? Qui s'est aventuré à soutenir que "les populations portugaises ont vocation à revenir et rester au Portugal" ?

Sous nos pieds, le sol se dérobe, celui des fondamentaux qui nous font tenir droit. Sous nos yeux, ceux auxquels on a confié la mission de garder nos droits les piétinent. Alors, acharnons nous à reconstruire ce sol, et relisons par exemple la Charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne qui s'impose à nous, ministres y compris.

Comme son préambule :
Les peuples d'Europe, en établissant entre eux une union sans cesse plus étroite, ont décidé de partager un avenir pacifique fondé sur des valeurs communes.
Consciente de son patrimoine spirituel et moral, l'Union se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d'égalité et de solidarité; elle repose sur le principe de la démocratie et le principe de l'État de droit. Elle place la personne au cœur de son action en instituant la citoyenneté de l'Union et en créant un espace de liberté, de sécurité et de justice.L'Union contribue à la préservation et au développement de ces valeurs communes dans le respect de la diversité des cultures et des traditions des peuples d'Europe, ainsi que de l'identité nationale des États membres et de l'organisation de leurs pouvoirs publics aux niveaux national, régional et local; elle cherche à promouvoir un développement équilibré et durable et assure la libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux, ainsi que la liberté d'établissement.

Ou son article 14 :

Les expulsions collectives sont interdites. Nul ne peut être éloigné, expulsé ou extradé vers un État où il existe un risque sérieux qu'il soit soumis à la peine de mort, à la torture ou à d'autres peines ou traitements inhumains ou dégradants.

A Ris-Orangis, nous nous sommes aujourd'hui acharnés à construire ce sol sur lequel peuvent de nouveau courir les gosses européens qui habitent là. Nous devrions nous réjouir de l'existence de ce bidonville, preuve que la construction européenne est une chance pour les peuples d'Europe fuyant de grandes misères, pour en trouver de moins pire, et rêver de poursuivre ce chemin de promesses. L'Europe a vocation a accueillir toute sa misère sur son propre sol, que collectivement nous avons la responsabilité de cultiver, de renforcer, d'embellir. Car ici c'est le PEROU, comme l'affirme un bel article publié ce jour sur le site de la revue Mouvement. (Lire l'article)




Place de l'Ambassade, Ris-Orangis, 13 décembre 2012
Photos : Merril Sinéus



NB : Rendez-vous demain à partir de 10h sur la Place de l'Ambassade afin de poursuivre le travail sur le sol et de construire des toilettes sèches (Apporter des outils : scies circulaires, sauteuses, perceuses)

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