vendredi 29 mars 2013

Le silence est d'or


Comme les dents, le silence est d'or.

Sur les toits, l'expulsion aujourd'hui devait être criée, et l'arrêté publié. C'est ce qu'avaient promis les armées successives passées sur la Place depuis mardi : "Garde à vous, gare à vous, le pire arrive !". A la foule interloquée, un policier roumain d'ajouter : "Da da, le pire vous sera annoncé vendredi 29 mars". Et, comme en post-scriptum de leur démonstration de force qui s'avère un aveu d'impuissance à inventer ce qui doit l'être, l'hospitalité en tout premier lieu : "D'ailleurs, si vous pouviez débarrasser le plancher sans qu'on ait à se salir les mains, ça nous arrangerait". A l'arrivée, à l'issue de cette journée tendue, comme en suspension : la violence en sourdine, comme une trêve, un répit ; à moins qu'il ne s'agisse d'un printemps ?


Elles deux, merveilleuses, encore aujourd'hui
sans assurance d'un avenir parmi nous.
"Non insérables" ?


En attendant, pour faire de ce silence une conquête, nous avons occupé l'Ambassade. Là, nous avons accueilli les équipes de médiations venues annoncer à douze personnes leur intégration au sein de chantiers d'insertion. Quelques formalités administratives doivent s'ensuivre, mais la merveille est là, et vaut effectivement de l'or : une régularisation enfin, la sortie de cette merde là, pour Daniela, Dragomir, Stanza, Roméo, Vandana, Ion, et bien d'autres, et leurs enfants Dany, Fiorina, Alex, Sorina, et bien d'autres. La preuve est faite, ici même, à l'abris de l'Ambassade, mais aussi sous l'égide des pouvoirs publics ayant travaillé à la mise en place de cette réponse exemplaire  (Préfet, Conseil Général, Mairie), que les Roms n'ont pas vocation à retourner en Roumanie.

Bien des enfants et leurs parents restent aujourd'hui dans l'angoisse de l'expulsion, du grand vide qui la voisine, d'une obligation de quitter le territoire français (dite OQTF) et de ne plus rêver parmi nous, d'une nécessité d'errer de nouveau en bordures de nos nationales. Mais cette victoire d'aujourd'hui doit aussi devenir la leur. C'est ce à quoi nous nous emploierons les jours, semaines et mois à venir : ces familles ont vocation à rester parmi nous, en Europe où elles habitent.


Lui tout seul, inénarrable, encore aujourd'hui
sans l'assurance d'un avenir parmi nous.
"Non insérable" ?


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