vendredi 4 juillet 2014

C'était la Folie



"Vous écrivez que le bidonville est un lieu de vie. C'est insulter les personnes qui y habitent".
Claude Vazquez, Premier adjoint au Maire communiste de Grigny, avril 2013, à l'occasion de la seule et unique réunion que le PEROU ait eu l'honneur d'obtenir de la Mairie.


Ce mercredi 2 juillet, le bidonville de la Folie offrait un visage dénotant avec la ville alentour, celui d'un lieu de vie au centuple. Innombrables furent les convives, impressionnante foule venue d'ici et d'ailleurs emportée par l'extraordinaire joie de Tony Gatlif : élus régionaux et nouveaux nés franco-argentins, vieux compagnons de lutte comme inconnus franchissant pour la toute première fois le seuil de la Folie, valeureux représentants d'associations essonniennes comme illustres représentants du monde du cinéma ou de la danse venus des quatre coins de France, blacks comme beurs, roumains comme péruviens. Invraisemblables furent les danses et les musiques. Inoubliable fut cette séance de cinéma, la beauté des rires et des commentaires à la cantonade qui la ponctuèrent, l'incandescence des lumières qui l'enveloppèrent. Le monde entier s'est étreint sur cette place merveilleusement publique, substrat précis de ce qui distingue une ville d'une morne plaine. Sans mouvements migratoires, sans nouveaux venus (90% des électeurs du Maire communiste de la Ville sont venus d'ailleurs ces 50 dernières années), une ville s'éteint et dépérit. Exigeant que les pelleteuses préfectorales détruisent le bidonville de la Folie la semaine prochaine et chassent au loin celles et ceux qui ont illuminé Grigny ce mercredi, ces élus municipaux concourent à la destruction de ce qui constitue la ville dans sa plus intime réalité. Aveugles avant d'être lâches, ils cassent ce qui nous fait tenir ensemble.

Geneviève Fraisse n'était pas la moins illustre des convives ce mercredi, ni la moins encline à s'abandonner à quelques danses endiablées. Quittant la Folie au beau milieu de la nuit, et méditant sur la volonté municipale d'expulser et détruire, elle glissait à l'oreille de la ville de Grigny ces quelques mots de Goya : "Le sommeil de la raison enfante les monstres".


PS : Il y avait tant de monde pour mesurer la Folie et la déraison, que Le Monde lui-même en était. Un grand article en atteste, à lire ici.

PS 2 : La Folie reste à vivre, tant que les pelleteuses ne la gagnent pas, et le Festival ouvert mercredi reste à occuper par tous les événements que l'on puisse imaginer : il s'agit là d'un cinéma public, d'une scène ouverte, d'un espace commun où tout peut (doit) avoir lieu. Programmateurs anonymes ou pas, contactez-nous rapidement, puisque les programmateurs du désastre ne sont pas loin d'avoir ficelé leur événement : contact@perou-paris.org










La Folie, mercredi 2 juillet (Photos : Camilla Martino)




La Folie, mercredi 2 juillet (photos : Laurent Malone)



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